Je me suis installé à Paris il y a quelques années et, depuis un an, je suis instagrameur
professionnel, c’est-à-dire que je vis grâce à mon travail sur Instagram. Quand je suis arrivé
dans la capitale en 2010, j’ai trouvé un travail dans un restaurant italien. Ce n’était rien
de spécial. Je préparais des plats que mon chef inventait. Quand je rentrais chez moi,
je me connectais sur Facebook pour prendre des nouvelles de mes proches au Mexique.
Mais je n’y connaissais rien aux réseaux sociaux.
En discutant avec un cousin, j’ai découvert Instagram et j’ai tout de suite aimé raconter
une histoire à ma famille à travers une photo prise avec mon smartphone. Mon premier post
était un cliché de la tour Eiffel. Je prenais des photos pour le plaisir et je m’amusais à leur
mettre une légende. On était en 2010 et j’avais une petite centaine de followers : seulement
la famille et les amis. Au bout d’un certain temps, je me suis rendu compte que des
photographes professionnels utilisaient Instagram pour exposer leur travail. J’ai observé leurs
œuvres. Un soir, je me suis dit : « Je veux me rapprocher de leur travail. » J’ai décidé
de regarder tous les posts YouTube sur la photographie. Avec un livre, j’ai appris comment
bien choisir un appareil, quelles heures de la journée préférer aux autres pour avoir la meilleure
lumière. Je me suis alors mis à poster mes photos sur le réseau social, tout en continuant
à utiliser mon smartphone. Instagram est devenu mon hobby.
En 2013, avec beaucoup de travail, j’ai vu le nombre de followers augmenter. J’ai appris
les codes d’Instagram et j’ai mémorisé les hashtags les plus forts mais je ne gagnais pas
d’argent, seulement des followers. J’adorais cet échange. Des chaînes d’hôtels ont commencé
à me contacter. J’ai eu la chance de voyager dans les plus beaux endroits du monde,
en échange de quelques photos partagées sur mon compte Instagram. En 2014,
une connaissance m’a présenté à la boîte de communication de L’Oréal Paris qui m’a tout
de suite proposé un travail. Pour 1 500 euros, je devais poster une quinzaine de photos
de personnes dans la rue, dans un jardin ou devant la tour Eiffel avec le hashtag #Urbanbeauty
en légende. C’était la première fois que j’étais payé. Aujourd’hui, je suis inscrit dans quatre
agences de communication et je gagne bien ma vie. J’adore ce métier. On peut donc vivre
d’Instagram, j’en suis la preuve.