Transkrypcja
– Alice, vous êtes spécialiste de la gastronomie florale. Comment a commencé votre passion
pour les fleurs ?
Je suis fille d’agriculteur. Mon amour des jardins est né dès mon enfance. Toute petite, alors
que mon père m’avait offert la liberté de cultiver une petite parcelle de terre, j’ai choisi les
fleurs. Parfois, ma mère en cueillait quelques-unes et les glissait dans les salades. Mais c’est
en 1993, lors d’un voyage au Maroc, que le déclic s’est opéré. Une conversation passionnée
sur la flore si diversifiée de ce pays, sur l’art d’y cuisiner la rose et la fleur d’oranger
et, soudain, une question : « Mais Alice, toi qui connais si bien cette cuisine, pourquoi ne pas
en faire un livre ? » Au début, mon but était de rassembler des recettes du monde entier dans
un ouvrage et de consacrer une partie de mon introduction aux fleurs.
– Mais alors pourquoi vous êtes-vous lancée dans toutes ces recherches sur la cuisine
des fleurs ?
Au fil de mes recherches, je me suis rendu compte que ce qui était toujours intéressant,
à propos des recettes qui utilisaient les fleurs, c’était que les gens ne comprenaient pas
l’originalité de cette cuisine, qu’ils la percevaient comme quelque chose de primitif. Dans
tous les livres que j’ai pu collecter, j’ai trouvé quelques recettes pas très chères à réaliser,
mais rien n’indiquait combien de fleurs comestibles on pouvait manger. On ne savait pas
vraiment le goût qu’elles avaient, pourquoi on les utilisait dans une recette plutôt que dans
une autre. Et surtout, les recettes me semblaient souvent simplifiées. Elles étaient inexactes
sur le plan culinaire et elles étaient, le plus souvent, difficiles à reproduire.
Depuis, je mène une recherche constante sur les saveurs des fleurs, j’ai préparé plus de 1000
recettes, je collabore avec des firmes internationales mais aussi avec des artisans pour
la création de nouvelles gammes d’aliments. Je donne des conférences et des cours dans
le monde entier. En juin 2000, j’ai créé le premier jardin botanique de fleurs comestibles
et en 2003, la première école de cuisine des fleurs à Paris.
– Qu’apportent les fleurs d’un point de vue alimentaire ?
Des vitamines, des oligoéléments, des minéraux. Il faut aussi savoir que certaines fleurs ont
vraiment des effets spécifiques, notamment sur le plan médicinal. La capucine, par exemple,
est un antibiotique naturel. Avec les fleurs, on peut faire une cuisine délicieuse mais aussi
bénéfique.
– Les fleurs peuvent soigner non seulement le corps mais aussi l’âme. Est-ce vrai ?
Je pense qu’elles peuvent aussi l’apaiser. Le simple fait de les regarder, de les contempler,
de s’imprégner de leur couleur, de leur parfum, tout cela crée des émotions très particulières
et a une véritable incidence sur notre tranquillité. Cela vaut bien, selon moi, une séance
de méditation ! Lorsque je contemple les fleurs, j’arrête ma pensée. Ma pensée s’arrête sur
elles. Je ne suis plus interpellée par le reste. D’ailleurs, dans le monde des jardins, vous
constaterez que les gens sont différents : les jardiniers, par exemple, sont des personnes très
tranquilles, très paisibles. Les fleurs nous font exister et voir le monde différemment.
d’après www.psychologies.com