Journaliste :
Pensez-vous qu’aujourd’hui, les Français sont plus attentifs au contenu
de leur assiette ?
Critique gastronomique :
Dieu merci, oui ! Il y a une vraie évolution dans le comportement
alimentaire des gens. Aujourd’hui, il n’est plus question de se laisser
influencer par la publicité et de manger n’importe quoi. Les Français exigent
la vérité, ils veulent connaître l’origine exacte des produits par exemple.
Le critère décisif du choix n’est plus le prix du produit.
Journaliste :
Selon vous, la mode pour la nourriture bio a joué un grand rôle dans cette
prise de conscience ?
Critique gastronomique :
Disons qu’elle a aidé à faire comprendre qu’on ne mange pas
seulement pour se nourrir mais aussi pour être en bonne santé. C’est
une clé importante. Je suis personnellement pour le bio, tout mon potager
est 100 % naturel. Mais c’est un marché réservé à une clientèle riche.
Ce n’est pas encore très populaire. Il manque au bio un véritable réseau
de distribution. Je pense aussi qu’il y a un problème d’éducation. Les gens
ont été habitués, pendant des années, à acheter des produits sans valeur
gustative mais très beaux. Se tourner maintenant vers des produits
de meilleure qualité, mais en général beaucoup moins esthétiques, comme
ceux que propose le bio, c’est difficile. Si tout le monde avait un petit bout
de jardin ou un pot sur son balcon, pour voir comment pousse un légume,
on comprendrait mieux la mécanique de la maturité. On verrait qu’un produit
n’a pas besoin d’être beau pour être bon. Ça faciliterait peut-être le passage
au bio.
Journaliste :
Que proposez-vous comme solution bon marché lorsqu’on n’a pas
de potager ?
Critique gastronomique :
Il faut absolument manger de saison et le plus local possible.
Ce qui est de saison est forcément toujours moins cher. Et le local n’a pas
eu besoin de parcourir des kilomètres pour arriver jusqu’à vous ! Et moins
de trajet, ça veut dire moins de chambres froides et plus de vitamines
conservées à l’arrivée. Ça marche pour tout. Il y a des saisons pour les fruits
et les légumes, mais aussi pour le poisson et la viande. Il faut également
cuisiner au maximum, ne rien acheter de manufacturé quand on peut le faire
soi-même.
Journaliste :
Vous-même, vous n’achetez jamais rien de tout préparé ?
Critique gastronomique :
Si, une seule et unique chose : la pâte feuilletée ! J’en ai toujours
un rouleau dans mon frigo, pour improviser une tarte si des amis arrivent.
Sinon, je fais tout. Bien sûr, mes repas ne sont pas toujours des festins.
Le soir par exemple, je me contente d’une soupe chaude ou froide et d’un
fruit. J’ai perdu cinq kilos comme ça, et surtout je me sens mieux et je dors
mieux. Manger moins le soir est aussi, selon moi, une bonne habitude
à prendre.
Journaliste :
Quels sont, à votre avis, les plus gros symboles de la malbouffe ?
Critique gastronomique :
Évidemment, ce sont les fast-foods !!! Pourquoi tant d’argent
dépensé dans les hamburgers, alors que c’est si simple, meilleur et moins
cher de s’acheter un bon morceau de pain et une ou deux tranches
de jambon, et de se faire soi-même un bon sandwich ?
d’après Céline Roussel, Top Santé d’octobre 2009